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  • gregorylavacherie

L’être humain est un animal social : la peur du jugement





Un podcast à écouter sur France Culture : L’anxiété rend votre cerveau anxieux en public


Il existe deux peurs fondamentales chez la plupart d’entre nous : premièrement, la peur de la mort, que nous parvenons (en général) à tenir à distance pendant une bonne partie de notre vie ; et deuxièmement, la peur de nous retrouver seul, isolé, sans ami et sans existence sociale. D’où l’importance cruciale, dès le plus jeune âge, de créer des liens sociaux, notamment amicaux ou affectifs, en donnant la meilleure image de soi et en réalisant donc de “bonnes performances” sous le regard d’autrui.


L’indispensable lien à l’autre, l’insoutenable regard de l’autre


Toute situation d’échange peut alors constituer une source de stress importante, révélant un manque de confiance en soi ou une mauvaise image de soi. C’est d’autant plus le cas quand la situation comporte un enjeu important, d’ordre professionnel, social ou de séduction amoureuse, ou qu’elle comporte des éléments particulièrement exigeants comme un public nombreux, un jury d’examen, ou des personnes inconnues, très intimidantes, voire agressives.

Le cerveau déclenche alors une réaction de stress devant toute situation possiblement menaçante, et dans certains cas, une réelle réaction de peur voire d’angoisse. C’est ce que l’on appelle l’anxiété sociale, que l’on pourrait appeler également l’anxiété relationnelle. La menace, plus imaginaire que réelle le plus souvent, est, dans ce cas, de se confronter à un jugement négatif des autres, de se trouver dans une situation très gênante voire humiliante, et de perdre donc l’estime des autres en même temps que l’estime de soi.


Aux origines de l’anxiété sociale


Les sources de peur sont nombreuses et diverses dans l’anxiété sociale. Certaines sont liées à des projections dans l’avenir, avec des scenarios de rejet et d’exclusion par les autres du fait de ses propres insuffisances. D’autres sont plus concrètes et immédiates comme, par exemple, le fait de ne pas parvenir à contrôler son émotivité (rougissements, tremblements visibles par tous et sources de perte de crédibilité et d’intérêt de la part des personnes présentes).

Une autre source de peur est tout simplement le regard de l’autre. Pas seulement le concept de l’impression que l’autre va avoir de vous, mais aussi la gêne très concrète de son regard et de ses yeux, comme si cette attention portée sur soi était porteuse d’un grand danger. Des études en imagerie cérébrale fonctionnelle ont montré que cette hypersensibilité au regard d’autrui s’accompagne d’ailleurs d’une hypersensibilité de l’amygdale, structure cérébrale impliquée dans la détection de la menace et du danger et dans la production de la peur. Les personnes souffrant d’une anxiété sociale intense ont donc un cerveau qui sur-réagit au regard de l’autre.


Une anxiété sociale qui paralyse, mais un cerveau multitâches


En situation d’anxiété sociale, le cerveau doit faire beaucoup de choses compliquées en même temps – autrement dit, il doit faire du multitâche. Il doit d’abord (et c’est normalement le principal objectif) participer à l’échange, écouter les autres, réfléchir à des réponses, ou tout simplement s’exprimer si c’est le cas, devant un public par exemple, en se concentrant sur les propos à tenir.

Normalement, ces actes difficiles nécessitent de mobiliser la quasi-totalité de nos ressources mentales. Mais un cerveau anxieux tente en même temps de gérer son stress et son malaise. Il cherche à se contenir pour ne pas dévoiler son émotivité, ne pas trembler, ne pas rougir, ne pas bégayer, en étant convaincu que tous ces signes de sensibilité vont être remarqués et moqués par le public. Ceci est un puits sans fond et voué à l’échec, car les émotions ne se contrôlent pas par la volonté. Plus vous tentez de les faire taire, moins vous y parvenez et plus vous générez de stress et de sentiment de vulnérabilité.

Le cerveau d’une personne en situation d’anxiété sociale est en réalité en pleine ébullition, c’est une véritable tempête sous un crâne. Le cerveau n’est pas alors du tout à l’arrêt comme on pourrait le supposer, de l’extérieur, silencieux et inhibé, parfois bloqué sans pouvoir s’exprimer. C’est d’ailleurs ce qui différencie clairement l’anxiété sociale de la simple timidité qui n’est pas réellement handicapante et qui s’estompe d’habitude d’elle-même au fil d’un échange et avec l’expérience.


Source : France Culture




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